Raid Nature 46 : par Justin

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Modérateur: Thiburs

Re: Raid Nature 46 : par Justin

Message par thbilley » 17 Octobre 2018, 06:54

Voila l'intégrale servie pour vous . Régalez vous . Thierry
Voilà quelques mois que j’attendais cette date plus ou moins impatiemment… 2 juin, l’IronMédoc ! La préparation a été difficile : il n’aura pas fallu se montrer frileux durant ce looooooong hiver pour arriver avec quelques kilomètres au compteur ! Ce sont en fait mes anciens collègues de l’Occitan Triath’long, club toulousain, qui m’ont motivé à participer à cette course avec eux, sans quoi je serais certainement resté au chaud ce printemps ! C’est donc plein de doutes que je me lève à 4h45 ce dimanche matin…

On se présente au parc à vélo, à Hourtin, en même temps que le soleil, sur les coups de 5h45 : il fait bien frais, mais on aura beau temps ! A 6h20, on embarque dans les bus qui nous amènent au départ natation, sur la plage de Piqueyrot, de l’autre côté du lac d’Hourtin. On aperçoit au loin l’entrée du chenal qui annoncera la fin de la première étape. Les bateaux qui feront office de bouées se mettent en place, une certaine effervescence commence à se faire sentir. J’apprécie ma polaire et regarde les copains revêtir leur combinaison… Bon bah c’est l’heure ! Je me mets à l’eau histoire de ne pas être trop surpris … Le souffle coupé, la barre sur le front, pas de doute : c’est froid !! Tout le monde s’aligne sur la plage, on nous explique qu’il y aura un bateau tous les 100m jusqu’à l’entrée du chenal, mais je ne vois déjà plus rien ayant laissé mes lunettes avec le reste de mes affaires ! Je demande une direction approximative à un concurrent, le décompte final est lancé : 10, 9, … 2, 1 et c’est parti ! On est 62 à se jeter à l’eau… Pfiouuuuuuuuuuu c’est froid !!!! « Bon allez va tout droit… J’ai dit tout droit !! » Je me retrouve vite isolé… mais pas à l’avant ! Je comprendrai plus tard, en visionnant les photos du départ, que j’ai été voir de plus près le premier bateau à droite, contre l’avis général apparemment ! Je recroiserai un nageur sur ma route, alors que j’essayais de suivre la rangée de bateaux à gauche (…), on nagera une dizaine de minutes ensemble, puis il a du décider de partir sur la droite, à moins que j’aie pris à gauche… Bref, j’ai rien compris à cette natation ! J’arrive à l’entrée du chenal avec un autre concurrent : j’ai les mains en chewing gum à cause du froid, et ne sens plus mes pieds, mais cette vision me réchauffe l’esprit : plus que quelques minutes ! Ca c’est fait, la partie que je craignais le plus est passée !

A la sortie de l’eau, une allée de spectateurs nous encourage en nous guidant vers la tente de transition. Là, une bénévole me propose son aide : vendu, ce sera corvée de crème solaire ! Un autre bénévole m’aide à m’équiper : mes doigts sont gelés et je n’arrive pas à zipper mon maillot de vélo d’hiver ou mettre mes chaussettes, je tremble comme une feuille et la bénévole galère à me tartiner de crème tellement je bouge ! Je pars vers mon vélo où un 3ème bénévole m’aide à clipser ma ceinture porte-dossard ! Je retrouve enfin mes yeux, c’est parti pour 180km, en 4 boucles de 45km d’un parcours roulant !

45ème kilomètre : ça y est je suis réchauffé, que j’apprécie mon maillot d’hiver ! Maintenant que je connais le parcours, il n’y a plus qu’à dérouler ! Le bitume est excellentissime, il n’y a qu’un coup de cul, des parties où on peut envoyer, des parties face au vent où il faut faire plus attention, des parties où on peut relancer : je n’aurais jamais pensé me régaler autant sur du plat ! 90ème kilomètre : 2h38, cool !! Je sens mes jambes commencer à piquer un peu sur le 3ème tour et décide de baisser la fourchette de fréquence cardiaque que je m’étais fixée initialement, histoire d’être capable de courir un minimum. On ne fait que se croiser sur ce parcours : une bonne occasion pour se chambrer, mais aussi évaluer les distances, jauger ses « adversaires », etc… Il y a plein de supporters dans Hourtin, et les amis qui se sont déplacés pour nous encourager peuvent nous voir passer 3 fois par tour : c’est vraiment génial ! Le vent se lève plus sérieusement sur le 4ème tour, il ne fait pas bon trainer sur le vélo !

Fin du parcours vélo : tout va bien ! Je retrouve la bénévole dans la tente de transition qui prend de mes nouvelles, elle aura moins de mal à repasser une 3ème couche de crème solaire cette fois : il commence à faire chaud !

Allez c’est parti pour le marathon, 4 boucles de 10,6km en aller-retour ! Il y a plein de monde sur la route, les gens peuvent lire notre prénom sur notre dossard et ne se privent pas pour nous encourager ! On sympathise avec les bénévoles aux ravitaillements, ceux-ci nous reconnaissent et suivent l’évolution de notre état, en redoublant d’encouragements à chaque fois ! On continue à se croiser entre concurrents, et après le 21ème kilomètre, ils se mettent même à me doubler !! Et oui mais c’est que ça commence à piquer sérieusement cette fois ! Je trottine tant bien que mal, fais une Nième pause crème solaire (on me croirais alors tout droit sorti d’un pot de Dulux Valentine !), discute un peu plus longtemps aux ravitos, retrouve un gars de Royan avec qui on s’était tiré la bourre à Saint-Jean de Luz en 2010 ( !), et fini, à cours d’excuses, par marcher quelques 3km à la fin du 3ème tour… Oh là là, ça va être long encore cette affaire ! Allez j’ai envie d’en finir maintenant, je décide de me faire mal et repars tant bien que faire se peut : plus que 10km ! S’enchainent alors les ravitos et les panneaux kilométriques : plus que 3 ravitos, plus que 5km, plus que 2 ravitos… allez cette fois c’est bon ! Je m’approche de la ligne d’arrivée avec des buches à la place des jambes : 11h14’57 WOOOOOOOOOH !!!

Je reste un bon ¼ d’heure allongé à l’ombre de l’arche d’arrivée : je suis dézingué ! Direction la salle de massage où le kiné fera des miracles et me permettra de retourner à la zone d’arrivée pour dévorer des grillades préparées par l’organisation (je ne crois pas que c’était prévu !) : trop bon ! S’ensuivent alors l’accueil des derniers concurrents, la remise des récompenses et un feu d’artifice, avant une nuit bien méritée !

Au final ça aura vraiment été une super journée : il y a du monde presque tout le temps, même avec le peu de participants, les parcours sont vraiment intéressants, les ravitos nickels, les bénévoles aux petits soins, et l’ambiance générale euphorique ! Je ne saurais que recommander cette course à ceux que l’expérience tente, notamment ceux qui veulent faire un chrono : le revêtement du parcours vélo est juste parfait, l’autoroute du triathlon !

Enfin je tiens à remercier Thierry pour m’avoir fait confiance en me prêtant ses roues, et aux membres du club qui m’ont si chaleureusement encouragé !

Mathieu.
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Re: Raid Nature 46 : par Justin

Message par thbilley » 17 Octobre 2018, 06:50

Bravo à Justin pour sa très belle course et pour son récit . Il renoue avec une tradition qui c'était un peu évaporée au fil des remontées contre le vent . Si vous vous régalez de ses petites histoires triathlétiques cherchez dans le forum le récit de Mathieu Mottez lors du premier Iron Frenchman . Cela vaut son pesant d'acide lactique. Thierry
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Re: Raid Nature 46 : par Justin

Message par Thiburs » 16 Octobre 2018, 17:34

Simplement Gé-nial !!!
tu es dingue... tu as ta place parmi nous :lol:
Thiburs
 
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Raid Nature 46 : par Justin

Message par Thiburs » 16 Octobre 2018, 17:15

" La douleur n'est qu'une information "


Jeudi soir attablés autour d'une bière bien méritée après l’entraînement de super coach Caro, l'un des 3 Ironmen présent à notre table (et oui je ne mange pas avec n'importe qui !!), a dit la phrase suivante: "la douleur n'est qu'une information".


Ce matin alors que je m'échauffais sur les routes begouxoises avant le départ du raid nature 46, ces mots raisonnaient inlassablement dans ma tête, sans trop savoir pourquoi..

Puis l'heure du départ a sonné, nous nous sommes tous installés sur la ligne, c'était pour moi un grand moment de nostalgie qui me rappelait les courses de VTT de mon adolescence, un champ bien pourri où l'herbe n'est évidemment pas tondue, une centaine de concurrents tous plus avides d'en découdre les uns que les autres et pour couronner le tout, un petit single track tout en haut du champ où tout le monde sait pertinemment que ça va être la bagarre générale pour y rentrer!! Que de bonheur en perspective!!


Le départ est donné et comme prévu tout le monde s'élance dans le but de parcourir les 200 premiers mètres le plus rapidement possible afin d'éviter la cohue générale digne d'un week-end du mois de juillet sur l'A6, classé noir par notre ami bison futé.. Évidemment en temps que nostalgique des départs en mass start je ne résiste pas à l'envie de me frotter moi aussi à la mêlée générale et dans un sprint qui te fait remonter l'acide lactique jusqu'à la barbe, je me retrouve dans les 15 premiers au "goulet de la mort", mais pas d'inquiétude, "la douleur n'est qu'une information" !


Durant la montée je dois prendre mon mal en patience car impossible de doubler quiconque, de toute façon ça tombe bien, ça me laisse le temps de retrouver le poumon que j'avais laissé dans le champ du départ.. Arrivé en haut, le chemin se fait plus large et j'en profite pour doubler les concurrents devant moi, puis arrive la première descente, et là attention les yeux, je passe en mode pilote (ou pas), les virages s’enchaînent à un rythme effréné, je double par les talus en coupant à travers les ronces, et je ne manque pas de me faire remarquer en allant embrasser un arbre qui passait par là en plein milieu de mon chemin, mais de toute façon ce n'est pas grave puisque "la douleur n'est qu'une information" !


C'est alors qu'au détour d'un buisson en haut du mont saint cyr, surgit la première transition. Il faut chausser les baskets que tu trimballes depuis presque une heure dans ton sac à dos pour descendre à toute allure le mont saint cyr, facile.. jusqu'au moment où tu arrives en bas de la côte des ânes, et là il te faut tout remonter, dur dur la transition, mais bon comme vous l'avez compris, "la douleur n'est qu'une information" après tout!


Après avoir monté et descendu le mont saint Cyr au moins 10000 fois à pieds, retour sur le vélo pour faire la même chose, heureusement, cette étape étant très technique, j'en profite pour revenir sur le duo de devant et pour les passer courtoisement avant une énorme montée où je ne peux pas faiblir puisqu'ils m'ont gentiment laissé passer en bas je me dois donc d’honorer leur geste sympathique et ne pas les ralentir, et puis eux ne le savent sûrement pas, mais moi je suis au courant, "la douleur n'est qu'une information" !


Arrive enfin l'épreuve tant redoutée, le calvaire de l'eau, le cauchemar de tout raidman. Je veux bien-sur parler du Canoë-Kayac. Heureusement ils sont sympa au raid nature 46, ils te disent juste avant d'attaquer cet enfer, que tu es 3e et que le 2e est juste devant, tout ça pour que tu te mette ce qu'il faut de pression pour courir avec un Canoë dans une main et une pagaie dans l'autre en enlevant ton casque de vélo et ton sac à dos, pendant que la photographe hilare immortalise ce moment de panique générale. J'ai fait la pire transition depuis que ce sport existe à ce qui se dit dans le mileux !!

Mais le chantier ne fait que commencer, on te dit dans le même temps qu'une balise se trouve à 2 bornes d'ici pendue à un arbre et qu'il faut aller la biper avant de revenir, au cas ou comme un petit malin tu penserai à faire 3 ronds dans l'eau et revenir dans la foulée. Ce qui aurait été, selon moi, entièrement suffisant, car il faut bien l'avouer, au bout de 3 coups de pagaie, c'est bon, on a compris, c'est long ça fait mal, et en plus tu te tape le retour dans le vent à tel point que j'ai failli en perdre ma pagaie et rentrer à la nage.. Une chance pour moi que "la douleur ne soit qu'une information" !


Enfin, la dernière partie s'annonce plus marrante, 10 km de VTT optionnels, mais comme tu es 3e ce n'est pas une option que de rentrer tout de suite et puis pour couronner le tout, le deuxième n'est vraiment pas loin et un petit arrêt regonflage me permet de revenir à sa hauteur, il se met dans ma roue et puis me double en bas d'une énorme montée, là je me dis que je vais attendre le haut pour le redoubler, mais c'était sans compter la forme du loustic qui tombe un pignon et s'échappe comme Thibaut pinot au tour de Lombardie, sauf que moi je ne suis pas italien et je ne m'appelle pas non plus Vincenzo Nibali.. Je parviens à atteindre le haut de la montée et je regarde sur ma montre, il ne reste plus que 4 km, ce que je trouve bizarre puisqu'on est juste à côté de Begoux, mais c'était sans compter la filouterie des organisateurs qui avaient prévus une dernière montée.. (note à moi même: toujours en garder pour cette p**in de dernière montée).

Et c'est finalement en prenant bien en compte l'information qui m'était transmise par mes jambes que je termine cette magnifique épreuve en 3e position, empli de fierté et de bonheur d'avoir su canaliser et dompter ce flux incessant d'informations !!


Je tiens donc à remercier les personnes qui m'ont enseigné la philosophie de l'information, et pour vos prochaines épreuves, maintenant vous êtes au courant: "la douleur n'est qu'une information"!


Bonne soirée à tous,


Justin.
Thiburs
 
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