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Re: Trail de l'Aqueduc : par Justin

Message Publié : 29 Janvier 2019, 08:22
par thbilley
Merci Julien pour ton récit . Au moins ceux qui sont restés au chaud auront pu participer en rêve . On a presque l'odeur de la mousse humide dans le nez et les pieds trempés en te lisant . Thierry

Trail de l'Aqueduc : par Justin

Message Publié : 28 Janvier 2019, 12:14
par Thiburs
Ce week-end, comme un week-end sur deux en cette saison hivernale dans le Quercy, avait lieu une manche du challenge vert 2019, un challenge de "haut niveau" comme le laisse entendre le nom d'un certain Laurent Jalabert figurant sur la liste des inscrits.

Un week-end un peu particulier pour moi également, car mes parents avaient bravé le froid et la neige du beaujolais et du massif central pour venir en terre cadurcienne afin de découvrir avec moi le trail de l'acqueduc. De plus depuis 15 jours une seule idée trotte dans mon esprit, celle de régler un contentieux chronométrique avec Laurent Jalabert. Ce grand monsieur du cyclisme qui m'a collé 10min lors des foulées du malbec, profitant d'une petite faiblesse de la cheville pour attaquer, le fourbe !

Samedi après midi nous nous sommes donc rendu en famille dans une ambiance joviale et détendue à la remise des dossard afin de récupérer le précieux sésame qui allait nous permettre de courir ce petit trail sympa et bucolique le lendemain. 13km pour ma mère et 27km pour mon père et moi. Mais à peine arrivés, le doute a commencé à s'imicer dans nos esprits, en particulier celui de ma mère.. " il faut s'accrocher aux arbres" disait l'un, "il nous font ramper dans une grotte pleine d'eau" disait l'autre, " ça va être gras il va falloir mettre les clous " s'exclamait un 3e!! Le regard tendre de ma mère commençait à changer, me rappelant toutes ces années d'enfant terrible ponctuées de bêtises en tout genre, ce regard que tout enfant à déjà vu dans les yeux de ses parents juste avant de prendre un bon coup de tatane bien mérité !!
Mais non maman t'inquiète ils en racontent toujours dans le sud, demain c'est tranquille je te dis!

Ce matin debout 6h30 pour remplir nos petits estomac un peu noués à l'idée de devoir ramper dans une grotte pleine d'eau ou encore descendre en rappel dans la boue, la météo n'étant pas non plus au rendez-vous.
Arrivés à Cours, fidèle à lui même, ce petit village perché en haut du causse nous a accueilli avec son petit vent accompagné de jolies averses qui seraient largement capables de faire pâlir quelques fiers vikings islandais!
8h30 c'est le départ et là grosse désillusion, l'homme qui hante mes pensées depuis 15 jours n'est pas venu récupérer son dossard, un appel au micro, rien, tant pis, la course doit partir. Il a sûrement renoncé voyant non pas un mais deux Jourdans sur la liste des inscrits, et à raison car les nouvelles chaussures que je viens d'acquérir courent vraiment super vite!!

Départ en descente, roulant, et ça part fort d'entrée de jeu, je regarde ma montre, premier km bouclé en moins de 4min, pour une course de 27km ça fait un peu vite pour moi, je décide alors de ralentir afin de ne pas exploser en vol je me place dans le 2e groupe aux alentours de la 15e place, c'est parfait. Premières descentes techniques, ces nouvelles chaussures sont rassurantes, mon pied est stable et je ne me tord pas les chevilles comme avec les autres, je me met alors à descendre de plus en plus vite, je suis à l'aise et c'est un bonheur d'avoir de nouveau confiance en son matériel et en ses articulations !

5e km je suis toujours dans le petit groupe mais je commence à tirer un peu la langue dans les montées la faute à une digestion un peu difficile du demi paquet de céréales que j'ai englouti 1h30 auparavant! Tant pis je laisse partir en me disant que ça passera!

10e km ça va déjà beaucoup mieux, je cours à une bonne allure, comme en témoigne mon chronomètre qui affiche 58min, je m'étonne donc de ne pas voir le petit groupe devant moi, il doivent vraiment être trop forts pour moi, tant pis je suis en forme je vais courir seul et on verra bien, les jambes sont excellentes et je cours dans presque toutes les montées.

15e km on vient de passer la mi-course et je commence à voir au loin le dernier du petit groupe avec qui je courais au début, mais bien que mes jambes répondent super bien et que je tente de hausser le rythme, rien n'y fait l'écart de 200m ne réduit pas d'un poil, même en descente alors que je saute de rocher en rocher tel une chèvre quercynoise.

Et alors que je continue mon effort, nous attaquons une montée un peu raide en lacets, je vois mon adversaire du jour qui commence à faiblir un peu, enfin !! J'en profite pour diminuer un peu l'écart et le rejoint dans la descente qui mène au dernier ravitaillement, aux alentours du 23e km, et c'est alors que je le vois glisser, et tomber dans la boue juste devant moi, je l'aide à se relever et lui demande si ça va, il a des crampes me dit-il, je lui souhaite bon courage et continue ma course.

Je passe devant le ravitaillement sans m'arrêter, un coup d'œil sur ma montrer, elle indique 2h22, il reste un peu moins de 5km, je me dis donc qu'une arrivée en mois de 3h est jouable, pensant que les autres sont bien trop loins pour être rejoins, ce sera mon objectif désormais!

Mais c'était sans compter le profil de la fin du parcours, en effet, à partir du km 24, les choses sérieuses commencent, tout d'abord quelques cordes dans une belle descente pleine de boue comme on aime, pour s'échauffer! En temps que petit goret, je suis heureux de me rouler dedans, j'en profite même pour faire une belle glissade sur les miches, me disant que debout ça ne serait sûrement pas aussi efficace ni aussi drôle, quel bonheur, j'en oublie même de penser à la tête que fera ma mère à l'arrivée me voyant dans cet état!

Ensuite en plat de résistance, un chouette passage à flanc de colline qui emprunte l'aqueduc, un trou tout noir qui passe dans la roche. Face à mon hésitation, à l'idée de m'aventurer dans ce trou plein d'eau n'y voyant absolument rien, le bénévole me dit: "t'inquiètes c'est tout droit!" Bon ben si c'est tout droit allons-y alors ! Superbe, ce passage c'est tout ce que j'aime dans le trail, insolite boueux et humide, l'aventure quoi! Mais aussitôt, me revient à l'esprit le visage de ma mère, tatane en main, mince elle va aussi devoir passer par là, je vais bien finir par la prendre ma rouste !! Comme quoi ils n'en racontent pas tant que ça dans ne sud!

Le parcours arrive alors sur les bords du vers, 25 km à ma montre c'est bon plus qu'une montée, me dis-je, mais c'était sans compter la filouterie des organisateurs, qui, au lieu de nous faire monter à droite en direction de Cours, nous font traverser le vers, par une petite passerelle en bois afin de nous faire faire un peu d'escalade, une montée tout droit dans les rocher durant laquelle je double un des membres du petit groupe du départ, complètement au bout du rouleau, il me propose même de revendre sa licence au plus offrant ! J'en profite pour lui lancer un petit "bon courage il en reste plus qu'une après celle-ci!" manière de m'assurer de prendre l'ascendant psychologique pour ne pas être repris par la suite! C'est qu'on est marioles nous les petits gorets!

Enfin le clou du spectacle arrive, n'ayant pas réussi à tuer tous les concurrents, les organisateurs on donc tenté un dernier coup, une descente vertigineuse accroché à une échelle sur un rocher, le bonheur absolu!!

Poussé par l'adrénaline de cette descente, je ne sent plus mes jambes, je suis donc en pleine forme pour attaquer l'ultime montée vers l'arrivée, un panneau indiquant " arrivée à 2 km" est installé en bas, peu importe je n'ai plus mal je n'ai plus faim, j'attaque la montée le couteau entre les dents en apercevant encore des concurrents du groupe du départ qui marchent, quelle drôle d'idée! Je décide de tout faire en courant, et tant pis si j'explose, je sent que je peux le faire.. et doublant les autres un par un, je me retrouve 9e, je suis à moins d'un km de l'arrivée, les jambes commencent à brûler mais pas question de ralentir ni de regarder en arrière, "baisse la tête t'auras l'air d'un coureur" me disait mon entraîneur de VTT en cadet, alors c'est ce que je fais.

Finalement c'est l'arrivée, je suis soulagé et heureux d'avoir réalisé une très belle course, je termine en 3h07 à la 9e place et en plus, comble du bonheur, au lieu d'un coup de tatane, j'ai eu le droit à un bisou de ma maman à l'arrivée car elle aussi est très contente d'avoir terminé en 2h00 ce difficile et beau 13km!

Voilà encore un super parcours, de supers potes, que je prend plaisir à retrouver à chaque entraînement et à chaque course, et que je remercie pour leur accueil dans leur famille Cahors triathlon, et enfin de super parents avec qui je partage depuis de nombreuses années la passion du sport en famille!!

Bonne récup à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !

Juju le petit goret.

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